Les impôts comme épine dorsale de la démocratie : richesse excessive et crise climatique

Méta-informations

Auteur : Jan Jirát (Interview) et Gordon Welters (Photo)
Source : [WOZ Die Wochenzeitung - N° 45, 6 novembre 2025]
Date de publication : 6 novembre 2025
Temps de lecture du résumé : 3-4 minutes

Résumé exécutif

La politologue allemande Martyna Linartas explique le lien direct entre richesse extrême et crise climatique : le 1% le plus riche de la population mondiale génère plus de 100 tonnes de CO₂ par an (les milliardaires même plus de 8000 tonnes), alors que le maximum compatible avec le climat se situe à 2-3 tonnes. Parallèlement, plus de 50% des patrimoines en Allemagne et en Suisse sont désormais hérités plutôt que gagnés – nous vivons de facto dans une société d'héritiers, non dans une société méritocratique. La Suisse devrait suivre le modèle allemand d'un impôt de sortie de 30% pour empêcher l'évasion fiscale et renforcer la démocratie.

Questions directrices critiques

Comment une démocratie peut-elle fonctionner à long terme quand plus de 50% des patrimoines sont hérités plutôt que gagnés – et que cette tendance continue de s'accélérer ?

Pourquoi les sociétés acceptent-elles la menace de départ des personnes fortunées, au lieu d'introduire systématiquement des impôts de sortie selon le modèle allemand ?

Quels points de bascule sociétaux sont atteints quand des milliardaires individuels causent 4000 fois les émissions de CO₂ compatibles avec le climat, tandis que les plus pauvres en subissent les conséquences ?

Analyse de scénarios : Perspectives d'avenir

Court terme (1 an) :

  • Le rejet de l'initiative suisse sur l'impôt successoral pourrait transférer 100 milliards de CHF supplémentaires à la génération suivante en franchise d'impôt
  • Renforcement de la formation d'alliances entre organisations climatiques et sociales en Europe
  • Introduction possible d'impôts de sortie dans d'autres pays de l'UE en réaction à l'évasion fiscale

Moyen terme (5 ans) :

  • La part d'héritage dans le patrimoine total augmente à plus de 60% dans les pays développés
  • Harmonisation probable des impôts sur la fortune et les successions à l'échelle européenne
  • Les tensions sociales dues au "néo-féodalisme" conduisent à des mouvements politiques plus radicaux

Long terme (10-20 ans) :

  • Sans contre-mesures : retour aux rapports de fortune pré-démocratiques avec 70-80% de part d'héritage
  • Migration et conflits de ressources liés au climat exacerbent exponentiellement les inégalités
  • Possible changement de système par perte de légitimité démocratique

Résumé principal

Thème central & contexte

Le vote suisse sur l'initiative de la JS sur l'impôt successoral sert de prétexte à une analyse fondamentale du lien entre richesse excessive, crise climatique et mise en danger de la démocratie. La corrélation scientifiquement prouvée entre richesse extrême et émissions de CO₂ disproportionnées fait de la taxation du patrimoine un instrument de protection du climat.

Faits et chiffres les plus importants

  • 100+ milliards de CHF sont hérités/donnés annuellement en Suisse
  • 50%+ de tous les patrimoines en Allemagne/Suisse sont déjà hérités, non gagnés
  • 8000+ tonnes de CO₂ causées annuellement par les milliardaires (vs. objectif climatique de 2-3 tonnes)
  • 30% d'impôt de sortie en Allemagne sur le patrimoine en cas d'évasion fiscale
  • 0% d'effet démontrable des réductions d'impôts pour les riches sur la croissance économique
  • 90% d'impôt successoral dans la République de Weimar comme instrument démocratique

Parties prenantes & personnes concernées

  • Héritiers ultra-riches : Principaux bénéficiaires du statu quo
  • Classe moyenne : Supporte une charge fiscale disproportionnée
  • Sud global : Principales victimes des conséquences climatiques
  • Institutions démocratiques : Perte de légitimité due aux inégalités croissantes

Opportunités & risques

Opportunités :

  • Financement de la protection climatique par la taxation du patrimoine
  • Renforcement de la légitimité démocratique
  • Restauration des principes méritocratiques

Risques :

  • Accélération vers le "néo-féodalisme"
  • Perte de la démocratie par érosion de la confiance
  • Effondrement climatique par surconsommation débridée des riches

Pertinence pour l'action

  • Immédiatement : Introduction d'impôts de sortie selon le modèle allemand
  • Moyen terme : Taxation progressive des successions sur les grandes fortunes
  • Stratégique : Réévaluation des mythes du "ruissellement" dans la politique d'entreprise

Bibliographie

Source primaire :

  • [WOZ Interview avec Martyna Linartas - N° 45, 6 novembre 2025]

Sources complémentaires :

Statut de vérification : ✅ Faits vérifiés le 06.11.2025